Rapport mensuel de l'Observatoire du football CIES

n°43 - Mars 2019

Cartographie de l’origine des joueurs
de Premier League anglaise (2009-2019)

Drs Raffaele Poli, Loïc Ravenel et Roger Besson

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1. Introduction

Ce Rapport Mensuel se focalise sur le championnat de première division anglais : la Premier League. Il analyse l’évolution de l’origine des joueurs alignés lors des dix dernières saisons. Il montre que le pourcentage de joueurs ayant grandi en Angleterre, les « nationaux », a progressivement diminué pour atteindre un record négatif pendant la saison en cours. La part des buts marqués par les Anglais a connu une tendance similaire.

Dans le contexte du Brexit, une limitation éventuelle des possibilités de recrutement international pourrait obliger nombre d’équipes de Premier League à modifier leurs stratégies de transfert. La montée en puissance d’une nouvelle génération de joueurs anglais très prometteurs suggère cependant que, sur un plan strictement sportif, un tel changement pourrait ne pas porter préjudice à la compétitivité des équipes de Premier League. Il pourrait même renforcer celle de la sélection nationale.

2. Nationaux

Entre 2009/10 et 2011/12, les joueurs ayant grandi en Angleterre ont toujours disputé au moins 40% des minutes de jeu de Premier League. Lors des sept dernières saisons étudiées, ce seuil n’a été dépassé qu’en 2014/15. Jusqu’au 15 février 2019 de la saison en cours, le pourcentage de jeu des nationaux a été de 35,2%. Il s’agit de la valeur la plus faible jamais enregistrée lors de la période analysée.

Figure 1 : % de minutes et de buts des Anglais en Premier League (2009-2019)

Parallèlement à la baisse observée au niveau du temps de jeu, le pourcentage de buts marqués par les Anglais a aussi diminué. Dans ce cas aussi, la valeur la plus faible a été observée lors de la saison en cours. Sur l’ensemble de la période analysée, le pourcentage de buts inscrits a toujours été inférieur à celui des minutes disputées. Ce résultat reflète la sur-représentation des joueurs nationaux à des postes défensifs.

3. Autres Britanniques

En dix ans, le temps de jeu en Premier League des joueurs ayant grandi en Écosse, en Irlande du Nord et au Pays de Galles a diminué de plus de la moitié. Lors de la saison en cours, la part de minutes des ressortissants de ces pays a atteint une valeur minimale de 3,0%. Une forte tendance à la baisse a été aussi constatée au niveau du pourcentage de buts : de 4,7% en 2009/10 à 3,2% jusqu’au 15 février de la saison en cours.

Figure 2 : % de minutes et de buts des Britanniques non-Anglais en EPL (2009-2019)

Lors de la décennie analysée, le pourcentage de minutes a diminué pour les ressortissants de l’ensemble des trois nations britanniques hors Angleterre. Les joueurs ayant grandi en Irlande du Nord et au Pays de Galles ont pratiquement disparu de Premier League. Les Écossais demeurent un peu plus présents, mais aussi moins que dans le passé. Comme pour les Britanniques, le pourcentage de minutes des joueurs ayant grandi en Irlande a fortement baissé : de 4,6% en 2009/10 à 1,5% pendant la saison en cours.

Figure 3 : % de minutes en EPL des Britanniques non-Anglais et des Irlandais, par nationalité

4. Européens

Le poids des joueurs ayant grandi en dehors de Grande Bretagne dans des pays membres de l’UEFA s’est renforcé tout au long de la décennie analysée. Des nouveaux records ont été mesurés lors de la saison en cours tant au niveau du pourcentage de minutes (45,0%) que de celui de buts (43,3%). Désormais, les ressortissants d’Europe continentale sont plus présents sur les terrains de Premier League que les joueurs britanniques.

Figure 4 : % de minutes et de buts des joueurs d’Europe continentale en EPL (2009-2019)

Le pourcentage de minutes des footballeurs ayant grandi en France est resté stable autour de 9% sur l’ensemble de la décennie couverte dans cette étude. La plus forte augmentation a été observée pour la deuxième origine la plus représentée : l’Espagne (de 2,5% à 7,2%). La présence allemande sur les terrains de Premier League s’est également fortement accrue : de 1,1% à 4,8%. Bien que toujours en vue, les Néerlandais et les Belges sont actuellement moins présents qu’en 2015/16 ou 2016/17.

Figure 5 : % de minutes en EPL des joueurs d’Europe continentale, principales origines

5. Non-Européens

Le pourcentage de minutes disputées en Premier League par les joueurs ayant grandi en dehors de pays de l’UEFA est resté stable lors de la période analysée. Par contre, la part de buts inscrits par les non-Européens a fortement augmenté : de 17,3% à 22,8%. Sur l’arc de la décennie, les extra-Européens ont disputé 16,2% des minutes et marqué 20,6% des buts. Ce résultat reflète leur sur-représentation à des postes offensifs. En 2017/18, 27,4% des minutes disputées par des attaquants ont été jouées par des ressortissants de pays extérieurs à l’UEFA.

Figure 6 : % de minutes et de buts des non-Européens en EPL (2009-2019)

Les Brésiliens et les Argentins sont de loin les origines non-européennes les plus présentes en Premier League. Le poids des Argentins a connu un pic en 2014/15 (4,7% des minutes), pour ensuite redescendre. La présence brésilienne n’a par contre jamais été aussi importante que jusqu’au 15 février de la saison en cours : 4,9%.

Figure 7 : % de minutes en EPL des non-Européens, principales origines

6. Conclusion

Le poids des Britanniques et des Irlandais en Premier League a fortement diminué lors de la dernière décennie au profit de joueurs ayant grandi en Europe continentale (France, Espagne, Allemagne, Pays Bas ou Belgique). Selon la manière dont il sera appliqué au football professionnel, le Brexit pourra être lourd de conséquences pour les équipes du premier niveau de compétition anglais.

Cependant, les excellents résultats obtenus ces dernières années par les sélections de jeunes anglaises témoignent de l’importance des efforts consentis Outre-Manche en matière de formation. Sur le plan de la compétitivité sportive, ce travail va probablement permettre d’atténuer l’éventuel choc lié à l’introduction de critères plus stricts pour l’importation de joueurs depuis l’étranger.

Indépendamment des conséquences du Brexit, un autre indicateur suggère que les joueurs anglais ont un bel avenir devant eux. Bien que moins présents sur le terrain qu’il y a dix ans, ils sont aujourd’hui nettement plus jeunes : 27,49 ans en moyenne en 2009/10 contre 26,95 ans en 2018/19. Il s’agit de l’âge moyen le plus faible parmi toutes les zones d’origine analysées dans ce Rapport.

 

 

Rapport mensuel n°43 - Mars 2019 - Cartographie de l’origine des joueurs de Premier League anglaise