Rapport mensuel de l'Observatoire du football CIES

n°45 - Mai 2019

Les footballeurs expatriés dans le monde : étude globale 2019

Drs Raffaele Poli, Loïc Ravenel et Roger Besson

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1. Introduction

Ce Rapport Mensuel analyse la présence de footballeurs expatriés dans 147 ligues réparties dans 98 associations nationales. Cinq championnats et autant de pays ont été ajoutés par rapport à l’étude effectuée en 2018. Les évolutions présentées font cependant référence au même échantillon analysé l’an passé. Plus de la moitié des ligues étudiées sont situées dans des associations membres de l’UEFA, ce qui reflète la forte implantation du football professionnel en Europe.

Sans la prise en compte de championnats supplémentaires, le nombre d’expatriés a augmenté de 628 unités lors de la dernière année (+5.0%). Cet accroissement montre que l’internationalisation du marché du travail des footballeurs est un processus bien établi. Les expatriés représentent 21,4% des joueurs recensés. Ce pourcentage est inférieur à 15% seulement en Amérique du Sud (18 ligues étudiées) et en Afrique (6 championnats couverts).

La notion d’expatrié définit les joueurs ayant grandi en dehors de l’association nationale du club d’emploi et étant partis à l’étranger pour des raisons sportives. Cette définition permet d’isoler les migrations directement liées à la pratique du football. En effet, les joueurs d’origine étrangère ayant grandi dans l’association de l’équipe d’emploi ne sont pas considérés expatriés.

L’échantillon se compose des joueurs ayant été alignés dans des matchs de championnat lors de la saison en cours. Dans les 127 compétitions où il a été possible de retrouver la liste des remplaçants, la présence sur le banc a aussi constitué un critère d’inclusion. Les données font référence à la date du 23 avril 2019.

Figure 1: échantillon de l’étude, par Confédération

2. Principales origines

Le Brésil est largement en tête du classement des pays exportateurs de footballeurs. Au total, 1’330 joueurs ayant grandi au Brésil évoluent dans les 147 ligues couvertes dans ce rapport. Les Brésiliens sont présents dans 85 associations sur 98, ce qui reflète le rôle unique joué par le Brésil dans l’approvisionnement de footballeurs professionnels à travers le monde.

Avec plus de 800 ressortissants expatriés, France et Argentine sortent aussi du lot en tant que nations exportatrices. Presqu’un quart des joueurs expatriés sont originaires du Brésil, de France ou d’Argentine (22,5%). Les principaux exportateurs des autres continents sont le Nigeria pour l’Afrique (10ème rang, 361 expatriés), les États-Unis pour l’Amérique du Nord (25ème, 145), le Japon pour l’Asie (30ème, 128) et l’Australie pour l’Océanie (35ème, 101).

Figure 2: origines les plus représentées parmi les expatriés

Si l’on rapporte le nombre d’expatriés à la population résidante dans le pays d’origine, l’Islande occupe la première place du classement. Il y un footballeur islandais expatrié chaque 5’458 habitants de l’île. L’Uruguay est troisième derrière le Monténégro et devant cinq autres nations d’ancienne Yougoslavie (Croatie, Serbie, Slovénie, Bosnie et Macédoine du Nord). Seuls les pays avec au moins 50 expatriés ont été inclus dans cette analyse.

Figure 3: nombre d’habitants par expatrié, par association d’origine

Par rapport à 2018, les plus fortes évolutions en valeur absolue ont été enregistrées pour les Brésiliens, les Espagnols et les Argentins. En termes relatifs, parmi ces trois origines, l’augmentation la plus notable a été observée pour les Espagnols (+14.3%). Les bonnes performances à la Coupe du Monde des sélections colombienne, russe et croate ont probablement permis aux ressortissants de ces pays d’accroître leur cote à l’étranger.

Figure 4 : plus fortes évolutions par rapport à 2018, par origine

3. Principales destinations

Deux pays européens sont les plus grands importateurs de footballeurs : l’Angleterre (728 joueurs, dont 139 ressortissants des autres nations britanniques) et l’Italie (636). À la troisième place il y a une puissance émergente du football mondial : les États-Unis (575 joueurs). Il faut descendre au 11ème rang pour trouver un deuxième pays non-européen : le Mexique (289 footballeurs importés).

Figure 5 : principaux pays importateurs, nombre d’expatriés

En termes relatifs, la plus forte présence d’expatriés par club et par ligue a été mesurée en première division cypriote : en moyenne 17,5 expatriés par équipe. La MLS aux États-Unis et au Canada est la seule compétition hors de l’Europe à figurer aux 20 premiers rangs de ce classement. La Belgique est quant à elle le seul pays représenté par deux ligues : First Division A et First Division B.

Figure 6 : plus grand nombre d’expatriés par club, par ligue

Les championnats sud-américains sont sur-représentés parmi ceux dont les clubs emploient en moyenne le plus faible nombre de joueurs importés de l’étranger. Il n’y a pratiquement pas d’expatriés en Serie B et Serie C brésilienne. Seuls six championnats de pays membres de l’UEFA figurent aux vingt premiers rangs.

Figure 7 : plus faible nombre d’expatriés par club, par ligue

4. Réseaux de transfert

La route migratoire la plus fréquentée part du Brésil pour aboutir au Portugal (261 joueurs). Le deuxième axe principal concerne la migration des Argentins vers le Chili (116 joueurs). Deux canaux migratoires au départ d’Angleterre concernent aussi beaucoup de footballeurs : le premier aboutit en Écosse (113 joueurs), alors que le deuxième mène au Pays de Galles (92 joueurs).

Figure 8: principaux axes migratoires à l’échelle globale

Les Brésiliens constituent la seule force de travail véritablement globale dans le marché du travail des footballeurs. Si le Portugal reste de loin leur destination privilégiée (261 joueurs), de nombreux Brésiliens se trouvent dans d’autres pays européens (Italie, Espagne, Ukraine, Turquie, Grèce, etc.), en Asie (Japon, Arabie Saoudite, Hong Kong, Corée du Sud, Thaïlande, etc.) et dans les Amériques (in primis États-Unis et Mexique). La liste des principales destinations par origine se trouve dans l’Atlas des migrations de l’Observatoire du football CIES.

Figure 9: principaux axes migratoires des Brésiliens

5. Conclusion

La mobilité internationale des footballeurs ne cesse d’augmenter au fil des années. L’effectif total des joueurs expatriés a augmenté de 5% par rapport à 2018. Les expatriés représentent environ un cinquième de l’ensemble des joueurs actifs dans les ligues analysées. Ce pourcentage monte à 26% au niveau des championnats des pays membres de l’UEFA.

Le nombre d’expatriés a augmenté pour chacun des trois principaux pays exportateurs : le Brésil (+64 joueurs, +4.8%), la France (+37, +4,3%) et l’Argentine (+57, +7,0%). À eux seuls, ces pays exportent presqu’un quart des footballeurs (22,5%). Le nombre d’Espagnols à l’étranger s’est aussi fortement accru (+61, +14.3%). Il s’agit de la deuxième plus forte croissance en valeur absolue après celle des Brésiliens.

L’Angleterre et l’Italie émergent en tant que principaux pays importateurs de footballeurs. Les clubs professionnels de ces pays emploient 728, respectivement 636 footballeurs expatriés. Sans considérer les 139 ressortissants des autres nations britanniques présents en Angleterre, c’est en Italie que les joueurs importés de l’étranger sont les plus nombreux.

 

 

Rapport mensuel n°45 - Mai 2019 - Les footballeurs expatriés dans le monde : étude globale 2019