1. Introduction
Le 49ème Rapport Mensuel de l’Observatoire du football CIES analyse les clubs de 31 premières divisions européennes du point de vue des caractéristiques démographiques de leurs joueurs. L’étude couvre la période 2009-2019. En ce qui concerne cette dernière année, l’échantillon se compose de 11’692 footballeurs répartis dans 463 équipes (25,3 joueurs par club).
Pour être pris en compte, un joueur doit faire partie de l’effectif de la première équipe des clubs analysés au 1er octobre de l’année de référence. De plus, il doit avoir déjà joué en championnat lors de la saison en cours ou, le cas échant, avoir disputé des rencontres dans des ligues d’adultes lors de chacune des deux saisons précédentes (équipes B non comprises). Les deuxièmes et troisièmes gardiens sont inclus dans tous les cas.
Figure 1 : échantillon de l’étude
Date: 01/10/2019
2. Age
L’âge moyen des joueurs dans les ligues analysées n’a que peu évolué depuis 2009. Au 1er octobre 2019, il se situait à 26,07 ans, contre 25,90 ans dix années auparavant. La valeur la plus faible a été mesurée en 2014 (25,83 ans), pour ensuite augmenter légèrement (+0,24 ans). La classe d’âge la plus nombreuse est celle des joueurs de 24 ans. Les joueurs de 21 ans ou moins représentent 20,8% des effectifs des clubs de l’échantillon étudié.
Figure 2 : pyramide de l’âge
2009 vs 2019
Près de quatre ans séparent la ligue la plus jeune (Slovaquie) de celle réunissant les joueurs les plus âgés (Turquie). La Ligue 1 française est le seul championnat du big-5 où les footballeurs sont plus jeunes que la moyenne mesurée à l’échelle des 31 ligues. Plusieurs pays d’Europe de l’Est figurent parmi ceux dont les clubs se composent des joueurs les plus expérimentés (Hongrie, Bulgarie, Russie, ou République Tchèque).
Figure 3 : âge moyen par ligue
Date: 01/10/2019
3. Formation
L’analyse de la formation se base sur la notion de joueurs formés au club. Conformément à la définition de l’UEFA, ces derniers sont ceux ayant passé au moins trois saisons entre 15 et 21 ans dans leur équipe d’appartenance. Après avoir fortement diminué jusqu’en 2018, la présence de joueurs formés au club dans les ligues étudiées s’est stabilisée. Au 1er octobre 2019, elle était de 17,2% (+0,2% par rapport au minimum historique de l’année précédente).
Figure 4 : % de joueurs formés au club
Evolution 2009-2019
Le plus fort taux de joueurs formés au club a été enregistré au Danemark : 27,4%. Dans trois autres pays seulement, cette proportion dépasse le quart : Slovénie, Norvège et Suisse. À l’opposé, les joueurs formés au club ne représentent qu’environ 9% des effectifs des clubs turcs, portugais et italiens. Parmi les cinq grands championnats, la plus forte valeur a été mesurée en Espagne : 20,9%.
Figure 5 : % de formés au club par ligue
Date: 01/10/2019
4. Importation
Le niveau d’internationalisation du marché du travail des footballeurs peut se mesurer à travers la notion d’expatrié. Elle définit les joueurs ayant grandi en dehors de l’association nationale de leur club d’emploi et étant partis à l’étranger pour des raisons footballistiques. Cette définition a le mérite d’isoler les migrations directement liées à la pratique du football. En effet, elle n’inclue pas les joueurs d’origine étrangère ayant grandi dans l’association de leur équipe d’appartenance.
Figure 6 : % de joueurs expatriés
Evolution 2009-2019
Pour la cinquième année consécutive, une valeur record a été enregistrée au niveau des expatriés. Ces derniers représentent désormais 41,8% des footballeurs recensés. Dix ans auparavant, ce pourcentage n’était que de 34,7%. L’augmentation observée lors de la dernière année a cependant été la plus faible observée depuis 2014 : +0,2%.
Les plus forts taux de joueurs expatriés ont été mesurés dans quatre pays méditerranéens : Chypre, Portugal, Turquie et Italie. La Grèce accueille aussi de nombreux joueurs importés de l’étranger. Les autres ligues où les expatriés représentent la majorité des effectifs se situent en Grande Bretagne (Angleterre et Écosse) et en Europe de l'Ouest (Belgique et Allemagne).
Figure 7 : % d’expatriés par ligue (2019)
Date: 01/10/2019
5. Stabilité
Entre 2009 et 2017, la permanence moyenne des joueurs dans leur club d’appartenance a progressivement diminué pour atteindre un minimum historique de 2,22 ans. Cette valeur s’est ensuite stabilisée. En 2019, 42,9% des joueurs recensés ont été recrutés en cours d’année. Ce pourcentage n’inclue pas les joueurs fraîchement promus depuis un centre de formation. Au total, 63.9% des joueurs présents au 1er octobre 2019 ont été recrutés après le 1er janvier 2018.
Figure 8 : pyramide d’année de recrutement
2009 vs 2019
Tous les pays où les joueurs recrutés en 2019 représentent la majorité des effectifs se situent en Europe de l’Est (Roumanie, Serbie et Bulgarie) et du Sud (Chypre, Turquie, Portugal, Israël et Grèce). À l’opposé, la plupart des pays dont les clubs se composent du plus faible taux de nouvelles recrues se trouvent en Europe de l’Ouest et du Nord. Ce résultat donne à voir différentes approches culturelles de la gestion des effectifs et du marché des transferts.
Figure 9 : % de joueurs recrutés en cours d’année par ligue
Date: 01/10/2019
6. Conclusion
Particulièrement marquée entre 2009 et 2018, l’évolution du marché du travail européen des footballeurs vers moins de stabilité et une plus forte mobilité internationale a connu un ralentissement lors de la dernière année. Si le taux d’expatriés dans les ligues étudiées a atteint un nouveau record, l’augmentation observée a été moins marquée que lors des années précédentes : +0,2% contre +1,2% en moyenne entre 2014 et 2018.
Pour la première fois depuis le début de nos recensements en 2009, le pourcentage de joueurs formés au club a augmenté. L’accroissement demeure cependant très limité (+0,2%). Il est dès lors difficile d’affirmer que la tendance à moins de footballeurs formés sur place se soit renversée. De même, le coup d’arrêt dans la baisse de la permanence moyenne des joueurs dans leur équipe d’appartenance ne permet pas de conclure à un retour vers plus de stabilité.
Dès l’année prochaine, il sera notamment très intéressant d’observer si les écarts économiques grandissants entre équipes de différents pays convaincront un plus grand nombre de clubs aux moyens limités à miser sur la promotion de talents formés localement, notamment en Europe de l’Est (Roumanie, Bulgarie, Hongrie, etc.) et du Sud (Chypre, Grèce, Turquie, etc.), où l’activité sur le marché des transferts est très importante.