1. Introduction
La 56ème édition du Rapport Mensuel de l’Observatoire du football CIES analyse les caractéristiques des entraîneurs dirigeant 1’646 équipes réparties dans 110 ligues de 79 pays à travers le monde. L’étude porte sur trois dimensions : l’âge, la durée de permanence dans le club entraîné et l’origine (national/expatrié). Le Rapport présente également le classement des origines les plus représentées à l’étranger parmi les entraîneurs de 1’875 clubs dans 128 ligues et 91 pays.
Figure 1 : échantillon de l’étude
* Analyses relatives à l’origine uniquement
2. Âge
L’âge moyen des entraîneurs retenus dans notre échantillon est de 48,8 ans. À l’échelle des ligues, les valeurs varient entre à peine 41,0 ans pour les dix clubs de première division estonienne et 54,9 ans à l’échelle du deuxième niveau de compétition turc. À ce propos, il est intéressant de noter que la première division turque est le championnat européen où l’âge moyen des compositions alignées par les clubs lors de la saison 2019/2020 a été le plus élevée : 29,2 ans.
Figure 2 : Âge moyen des entraineurs, par ligue
Une corrélation significativement positive (R2=19.3%) a été mesurée entre l’âge moyen des entraîneurs et celui des joueurs au niveau des 110 ligues étudiées. Cette analyse indique que plus les ligues réunissent des joueurs âgés, plus les clubs qui en font partie tendent à engager des entraîneurs expérimentés, ou vice versa.
Figure 3 : âge moyen des joueurs et des entraîneurs, par ligue
La palme de l’entraîneur le plus jeune parmi les clubs analysés revient à Ole Martin Nesselquist. Le Norvégien fêtera ses 27 ans le 24 juin prochain. Malgré son jeune âge, il dirige l’équipe de Strømmen, en deuxième division de son pays d’origine, depuis une année et demi déjà. À l’opposé, l’entraîneur le plus âgé est Hamdi Yilmaz (74,5 ans). Il est le coach de Keçiörengücü, en deuxième division turque.
Figure 4 : âge des entraîneurs (âge au 01/06/2020)
3. Permanence
En moyenne, au 1er juin 2020, les entraîneurs des équipes prises en compte étaient en poste depuis 480 jours. La valeur médiane est par contre bien inférieure : 301 jours. Cet écart traduit le fait qu’un faible nombre d’entraîneurs en charge de leur équipe depuis longtemps tirent la moyenne vers le haut. Les valeurs médianes par ligue varient entre 943 jours en première division galloise et seulement 122 jours en Serie B brésilienne.
Figure 5 : permanence médiane des entraîneurs (jours), par ligue
Comme pour l’âge, une corrélation significativement positive (R2=19.7%) existe entre la permanence moyenne des joueurs et des entraîneurs. Ce lien traduit d’importantes différences en matière de cultures managériales selon les pays. Plus les dirigeants des clubs dans une ligue donnée ont tendance à changer d’entraîneur, plus ils tendent aussi à faire tourner les joueurs dans l’effectif, ou vice versa.
Figure 6 : permanence moyenne des joueurs et des entraîneurs, par ligue
L’entraîneur avec la plus grande longévité parmi les équipes analysées est Bruno Luzi, qui coache Chambly, en deuxième division française, depuis 19 ans. En deuxième place se trouve Stephen Baxter, qui dirige les Nord Irlandais de Crusaders FC depuis plus de 15 ans. Sept autres coaches étaient à la tête de l’équipe entraînée au 1er juin 2020 depuis au moins une décennie.
Figure 7 : entraîneurs en poste depuis le plus longtemps (jours)
4. Présence étrangère
Au total, 28.3% des entraîneurs en charge des équipes analysées en juin 2020 ont grandi dans une autre association que celle du club dirigé. Il s’agit d’un pourcentage supérieur à celui mesuré parmi les joueurs: 24.7%. Ce résultat indique que le marché du travail des entraîneurs est encore plus international que celui des footballeurs.
Figure 8 : % d’expatriés parmi les entraîneurs, par ligue
La part d’entraîneurs expatriés dépasse les quatre cinquièmes dans cinq premières divisions asiatiques : Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Qatar, Inde et Chine. Les expatriés constituent au moins la moitié des entraîneurs dans 24 des 110 ligues étudiées. À l’opposé, dans seulement quatorze championnats aucun club n’est dirigé par un coach expatrié.
Le pourcentage de joueurs et d’entraîneurs expatriés au sein d’une ligue ne sont que faiblement corrélés (R2=10.0%). Ceci s’explique par la forte proportion d’entraîneurs importés de l’étranger en Asie, où la présence de joueurs expatriés est limitée par des quotas. Si l’on exclue l’Asie, la force de la corrélation augmente (R2=15.5%). Ce résultat confirme que, sans freins juridiques, l’internationalisation du marché du travail des entraîneurs et des joueurs se font en parallèle.
Figure 9 : % d’expatriés parmi les joueurs et les entraîneurs, par ligue (sans l'Asie)
L’Argentine est la nation la plus représentée parmi les entraîneurs expatriés. Les 68 coaches argentins présents à l’étranger au 1er juin 2020 officiaient dans 22 pays différents. La plupart d’entre eux étaient actifs dans d’autres pays d’Amérique latine. Comme pour les joueurs, leur première destination était le Chili (11 entraîneurs). Les coaches espagnols ont aussi la cote à l’étranger (41 entraîneurs dans 21 pays), tout comme les Serbes (34 entraîneurs dans un nombre record de 24 pays).
Figure 10 : origines les plus représentées parmi les entraîneurs expatriés
5. Conclusion
Cette étude pionnière sur les caractéristiques des entraîneurs de clubs de football professionnels à travers le monde montre que le profil-type d’un coach est celui d’un homme d’un peu moins de 50 ans, en charge depuis moins d’une année (301 jours) et ayant grandi dans le pays du club dirigé (dans plus de sept cas sur dix).
De plus, l’analyse de la biographie des entraîneurs expatriés inclus dans l’échantillon révèle que presque deux tiers d'entre eux (64,3%) sont des anciens footballeurs professionnels. Au niveau des postes auxquels ces derniers ont joué, on observe une surreprésentation des défenseurs : 35% parmi les entraîneurs expatriés dans les ligues étudiées comparé à 30% parmi les joueurs. À l’opposé, les gardiens sont sous-représentés : 4% contre 11%.