1. Introduction
Le Rapport mensuel du mois de juin 2022 de l’Observatoire du football CIES analyse la composition des effectifs des équipes de dix des principales ligues féminines du monde sous l'angle de l’âge des joueuses, du temps de jeu des footballeuses expatriées, ainsi que des origines représentées parmi ces dernières. L'étude couvre la période de six ans qui s’étend de 2017 à 2022.
L’échantillon se compose des joueuses alignées ou présentes au moins une fois sur le banc au cours de la saison. Pour les saisons en cours, les valeurs se réfèrent à la situation au 1er juin. Aux États-Unis, les matchs de NWSL Challenge Cup ont également été pris en compte. Pour 2022, l'échantillon étudié comprend un total de 119 clubs et 3’067 footballeuses.
Figure 1 : échantillon de l’étude (2017-2022)
2. Évolution de l'âge
Après quatre années consécutives de croissance, l’âge moyen des joueuses sur le terrain (calculé au 1er janvier de chaque année) n’a pas augmenté au cours de la dernière année. Depuis 2017, une hausse a toutefois été enregistrée dans huit des dix championnats étudiés, avec un accroissement notable dans la Women’s Super League anglaise (+2,3 ans d’âge). Par championnat, en 2022, les valeurs varient entre 22,1 ans dans la très jeune Eredivisie néerlandaise et 27,1 ans dans la bien plus mature NWSL américaine.
Figure 2 : âge moyen sur le terrain (2017-2022)
Figure 3 : évolution de l’âge moyen sur le terrain, par ligue (2017-2022)
Figure 4 : âge moyen sur le terrain, par ligue (2021/22)
Au cours de la saison en cours ou la dernière terminée, NJ/NY Gotham FC a aligné les équipes les plus âgées avec un record de tous les temps pour les ligues étudiées de 30,3 ans. Cette valeur est d’environ 1,5 ans plus élevée que pour la deuxième équipe la plus expérimentée : Tottenham Hotspur WFC. Comme pour la saison dernière, VV Alkmaar a aligné les compositions les plus jeunes parmi les clubs analysés (19,7 ans), devant deux autres équipes néerlandaises : SC Heerenveen et PEC Zwolle.
Figure 5 : âge moyen sur le terrain, par club (2021/22)
3. Évolution des expatriées
Depuis 2017, le développement du football féminin de clubs est allé de pair avec une augmentation de la mobilité internationale des joueuses. Le pourcentage de minutes jouées par les footballeuses expatriées, celles ayant grandi dans une association différente de celle de leur club employeur, est passé de 21,6% en 2017 à 30,9% en juin 2022. Toutefois, comme pour l’âge, la tendance à la hausse s’est inversée au cours de la dernière année.
Figure 6 : % de minutes des expatriées (2017-2022)
Le processus d’internationalisation du marché du travail des joueuses observé pendant les années étudiées a été particulièrement marqué en Serie A italienne (+36,6% de minutes par des footballeuses expatriées) et en Women’s Super League anglaise (+19,6%). Par ligue, en 2022, le taux d'expatriées varie entre seulement 5,4% en Eredivisie néerlandaise et 47,7% en Damallsvenskan suédoise.
Figure 7 : évolution du % de minutes des expatriées, par ligue (2017-2022)
Figure 8 : % de minutes des expatriées, per ligue (2022)
Beaucoup des équipes les plus compétitives alignent prioritairement des joueuses ayant grandi dans une association nationale étrangère. Vingt des 119 clubs analysés ont utilisé des expatriées pendant une majorité de minutes de championnat, avec un niveau record de 75,2% pour le club suédois d’IFK Kalmar. L'Olympique Lyonnais, récent vainqueur de la Ligue des champions, se situe juste en dessous du seuil de 50 % (47,1%), tandis que le FC Barcelone, finaliste de la même compétition, affiche un pourcentage bien inférieur (25,1%).
Figure 9 : % de minutes des expatriées, par club (2022)
Les États-Unis sortent du lot en tant que principal pays exportateur dans le football féminin. Avec 82 représentantes à l'étranger, les Américaines devancent les Suédoises (46 expatriées) et les Canadiennes (42). Des joueuses originaires des États-Unis sont présentes dans tous les championnats étudiés, avec un maximum de 22 footballeuses dans la Damallsvenskan suédoise. Au total, 73 associations comptent au moins une expatriée dans l’un des dix championnats analysés.
Figure 10 : principales origines parmi les expatriées (2022)
4. Conclusion
Après les fortes hausses constatées au niveau de l’âge des joueuses et de la présence expatriée entre 2017 et 2021, lors de la dernière année, les ligues féminines les plus compétitives mondialement n’ont pas connu de changements majeurs sur le plan de la composition des effectifs. L’âge moyen des joueuses sur le terrain est resté stable, tandis que que le pourcentage de minutes disputées par des expatriées a même légèrement diminué.
Après s’être fortement développé grâce notamment aux nouvelles ressources investies par les clubs professionnels traditionnellement plus axés sur le football masculin, le football féminin de clubs est entré dans une période de consolidation. Nous observons l’émergence d’un marché transnational où chaque ligue, et équipes aux sein de ces dernières, remplissent des rôles complémentaires en fonction de leurs possibilités économiques et sportives.
Avec l’apport des associations nationales, cette nouvelle phase devrait aller de pair avec un renforcement généralisé des filières de formation. Déjà bien entamé, ce processus permettra d’accroître ultérieurement le niveau des compétitions tant à l’échelle des clubs que des équipes nationales, en soutenant ainsi durablement la croissance du football féminin, que ce soit sur le plan sportif ou économique.