1. Introduction
Le transfert temporaire de joueurs est une pratique en vogue dans le football professionnel. Elle est notamment utilisée pour permettre le développement de jeunes joueurs n’ayant pas encore une expérience de jeu ou un niveau sportif suffisants pour évoluer dans leur club d’appartenance. Dans quelle mesure les jeunes sont-ils concernés ? Quelle est la proportion de footballeurs en prêt dans les effectifs ? Quelles différences selon les ligues et le poste ? Quels sont les principaux clubs prêteurs ?
Ce nouveau Rapport Mensuel de l’Observatoire du football CIES répond à ces questionnements à partir de l’analyse des caractéristiques des joueurs présents au 1er mars 2023 dans les effectifs de 1'254 équipes de 75 ligues de 57 associations à travers le monde. Sur les 33’482 footballeurs recensés, 3’178 se trouvaient dans l’équipe d’emploi de manière temporaire dans le cadre d’un prêt, ce qui correspond à un taux moyen général de 9,5%.
Figure 1: échantillon de l’étude
2. Âge des joueurs en prêt
Les joueurs en prêt sont en moyenne plus jeunes que les footballeurs appartenant aux équipes d’emploi : 24,41 ans pour les premiers contre 26,54 ans pour les seconds. La classe d’âge la plus représentée chez les joueurs en prêt est celle de 22 ans. Cependant, les prêts ne concernent pas uniquement des footballeurs se trouvant à l’aube de leur carrière. En effet, seul 27,9% de l’ensemble des joueurs en prêt ont 21 ans ou moins, alors que presque la moitié (48,0%) en ont 24 ans ou plus.
Figure 2: pyramide d’âge des joueurs en prêt
La proportion importante de joueurs relativement âgés parmi les prêtés indique que cette stratégie n’est pas uniquement utilisée dans le but de permettre à des jeunes joueurs de développer leur potentiel. Le recours au prêt traduit plusieurs autres objectifs de la part des clubs : faire de la place dans les effectifs, relancer des joueurs déjà relativement expérimentés, limiter les risques sportifs et financiers liés aux transferts permanents, acquérir des renforts sans avoir à débourser d’indemnités de transfert, en ne payant que le salaire du joueur, et parfois même juste en partie, voire pas du tout.
3. Proportion des joueurs en prêt
Contrairement à que l’on aurait pu penser, la proportion de joueurs en prêt est plus élevée chez les footballeurs entre 22 et 25 ans (13,4%) que chez ceux âgés de 21 ans ou moins (12,7%). Après avoir signé un premier contrat professionnel et avoir été intégrés au contingent de la première équipe de leur club d’appartenance, bien de talents n’arrivent pas à s’imposer et sont prêtés à d’autres équipes. Dans bien de cas, ces prêts sont le prélude à un départ définitif.
Figure 3: pourcentage de joueurs en prêt, par classe d’âge
La part de joueurs en prêt varie fortement selon les ligues, ce qui traduit différentes traditions nationales dans la fréquence du recours à ce type de stratégie. Les plus fortes proportions ont été observées dans les deux premiers niveaux de compétition italiens : la Serie B (22,8%) et la Serie A (19,0%). Le prêt constitue en effet une véritable institution dans la Péninsule. Le taux de joueurs en prêt est aussi élevé dans la deuxième division espagnole, ainsi que dans les troisième et quatrième niveaux anglais.
La présence aux avant-postes de plusieurs championnats d’échelons inférieurs d’associations disposant de ligues bien développées traduit la tendance des meilleurs clubs de ces pays à offrir des contrats à bien plus de joueurs qu’ils en ont besoin. Ils s’appuient alors sur des équipes moins compétitives pour favoriser leur éclosion. Cette stratégie est très répandue aussi au sein de la première division argentine, qui comporte un nombre pléthorique de participants (28 clubs).
Figure 4: pourcentage de joueurs en prêt, par ligue
La proportion record de joueurs en prêt a été enregistrée chez les Argentins de Barracas Central (50,0%). Le taux mesuré chez les actuels leaders de Serie B italienne, Frosinone, est aussi très élevé (48,3%). L’équipe du centre de l’Italie a engagé temporairement de nombreux joueurs appartenant à des équipes de Serie A. Cette stratégie comporte à la fois des avantages, comme la possibilité de disposer de joueurs autrement inaccessibles, et des inconvénients, notamment le chamboulement constant de l’effectif.
Figure 5: pourcentage de joueurs en prêt, par club
Les joueurs les plus concernés par des prêts sont les attaquants. Au 1er mars, 13,1% de ces derniers jouaient dans l’équipe d’emploi dans le cadre d’un transfert temporaire. À l’opposé, on trouve les gardiens (6,2%). Ces différences reflètent celles observées au niveau de l’âge, les attaquants étant les joueurs les plus jeunes au sein des effectifs analysés (26,0 ans en moyenne), tandis que les gardiens sont les plus âgés (27,1 ans).
Figure 6: pourcentage de joueurs en prêt, par poste
4. Clubs prêteurs
De nombreuses équipes du big-5 figurent parmi les clubs prêtant le plus de joueurs présents au 1er mars au sein des 75 ligues analysées. Arsenal est en tête de liste avec 25 footballeurs prêtés, suivi par les Italiens d’Atalanta. Cinq clubs anglais sont aux dix premières places, ce qui traduit la puissance économique de la Premier League. Les équipes anglaises disposent en effet des moyens pour contracter de nombreux joueurs, qu’elles ont par la suite tendance à prêter.
La limitation récente par la FIFA des possibilités de prêt à l’étranger pour des joueurs de plus de 21 ans vise justement à empêcher aux clubs les plus riches de mettre sous contrat un trop grand nombre de joueurs. Si cela peut effectivement être dissuasif, plusieurs équipes ayant fortement recours aux prêts se tournent désormais vers la stratégie de multipropriété, par laquelle ils prennent possession d’autres clubs, le plus souvent à l’étranger, où ils peuvent placer des joueurs sans avoir besoin de les prêter.
Figure 7: principaux clubs prêteurs, joueurs dans 75 ligues
Une corrélation statistiquement significative existe entre le niveau sportif des clubs (mesuré selon le coefficient de l’Observatoire du football CIES) et le nombre de joueurs qu’ils prêtent. Plus un club est compétitif, plus il prête de joueurs à d’autres équipes. La compétitivité des clubs étant elle-même corrélée à la force économique, ce résultat traduit la tendance des équipes les plus riches à contrôler un nombre de joueurs conséquent. La stratégie de la multipropriété évoquée ci-dessus ne fait que renforcer ce processus malgré les efforts réglementaires de la FIFA.
Figure 8: niveau sportif des clubs et nombre moyen de joueurs prêtés
Dans 63,5% des cas, les clubs où sont prêtés les joueurs ont un niveau sportif inférieur à celui des clubs d’appartenance. Dans 20,9% des occurrences, le niveau est équivalent, tandis que les joueurs en prêt à des équipes plus compétitives ne représentent que 15,5% de l’ensemble des prêtés. Ce résultat confirme que les prêts servent en premier lieu les intérêts des équipes les plus puissantes, qui sont ainsi à même d’avoir un contrôle sur la carrière de plus de joueurs qu’elles ne peuvent inscrire dans leurs contingents.
Figure 9: écart sportif entre club qui prête et club de prêt
5. Conclusion
Environ un dixième des joueurs actifs dans les clubs de 75 ligues à travers le monde sont en prêt (9,5%). Cette proportion est supérieure à la moyenne pour les attaquants (13,1%), ainsi que parmi les équipes de Serie A (19,0%) et de Serie B (22,8%) italiennes. C’est dans ce pays que le recours aux prêts, parfois avec des options ou obligations d’achat conditionnées aux résultats de l’équipe ou aux performances des joueurs, est le plus répandu au monde.
Les joueurs en prêt sont en moyenne plus jeunes que les footballeurs appartenant aux équipes d’emploi : 24,41 ans pour les premiers contre 26,54 ans pour les seconds. Les prêts ne se limitent cependant pas qu'à des joueurs en début de leur carrière. En effet, seul 27,9% de l’ensemble des joueurs en prêt ont 21 ans ou moins, alors que presque la moitié (47,9%) ont 24 ans ou plus.
La stratégie des prêts n’est donc pas utilisée par les clubs uniquement pour permettre à des jeunes de développer leur potentiel, mais traduit plusieurs autres objectifs: faire de la place dans les effectifs, relancer des joueurs déjà relativement expérimentés, limiter les risques sportifs et financiers liés aux transferts permanents, acquérir des renforts sans avoir à débourser des indemnités de transfert, en ne payant que le salaire du joueur, parfois même seulement en partie, voire pas du tout.
Dans 63,5% des cas, le niveau sportif des clubs qui prêtent est plus élevé que celui des clubs auxquels les joueurs sont prêtés. Plus un club est compétitif, plus il tend à prêter des joueurs à d’autres équipes. De nombreux clubs du big-5 figurent parmi les équipes prêtant le plus de joueurs. Avec 25 footballeurs prêtés à un club des 75 ligues étudiées, Arsenal est en tête de liste. Cinq formations anglaises sont aux dix premières places, ce qui traduit la puissance économique de la Premier League.
La limitation récente par la FIFA des possibilités de prêt à l’étranger pour des joueurs de plus de 21 ans vise justement à empêcher aux clubs les plus riches de mettre sous contrat un trop grand nombre de joueurs. Si cette règle peut être dissuasive, plusieurs clubs riches se tournent vers la stratégie de multipropriété, par laquelle ils prennent possession d’autres équipes, le plus souvent à l’étranger, où ils peuvent placer des joueurs sans avoir besoin de les prêter.