1. Introduction

Une nouvelle édition de la Ligue des champions féminine de l’UEFA s’est terminée avec la victoire de Barcelone en finale contre Wolfsburg. La plupart des joueuses engagées dans la phase à élimination directe seront aussi les protagonistes de la Coupe du monde de la FIFA qui va se disputer entre le 20 juillet et le 20 août prochains en Australie et Nouvelle-Zélande. Nul doute que grâce à cet événement le football féminin passera un nouveau cap en termes de popularité.

Ce rapport analyse comparativement la composition des effectifs des huit clubs ayant atteint les quarts de finale de l’édition 2022/23 de la Ligue des champions féminine de l’UEFA : les Anglais d’Arsenal et Chelsea, les Français de l’Olympique Lyonnais et de Paris St-Germain, les Allemands de Wolfsburg et Bayern Munich, les Espagnols de Barcelone et les Italiens de Rome. Par souci de comparabilité avec les données relatives aux ligues, les statistiques font référence aux compositions alignées lors des matchs de championnat (jusqu’au 23/05/2023).

2. Âge sur le terrain

L’âge moyen sur le terrain des quarts-de-finalistes de l’édition 2022/23 de la Ligue des champions féminine de l’UEFA est supérieur à celui observé pour l’ensemble des participants des cinq championnats dont ces équipes font partie : 26,9 ans contre 25,9 ans. Par contre, il se situe légèrement en dessous de celui observé au sein de la NWSL américaine (27,3 ans). Par équipe, les valeurs sont relativement homogènes et s’étendent de 26,0 ans pour Bayern Munich à 27,6 ans pour Chelsea.

Figure 1: âge moyen sur le terrain en championnat

(a) quarts-de-finalistes de la Ligue des champions (2022/23)

(b) moyenne par ligue, saison 2022/23

La classe d’âge des joueuses entre 26 et 29 ans est la plus représentée dans les compositions des quarts-de-finalistes : 34,3% du total des minutes. Les joueuses de moins de 23 ans n’ont disposé que de 16,8% du temps de jeu, ce qui reflète leur difficulté à se faire une place dans l’environnement très compétitif des meilleurs clubs européens. Le taux le plus élevé a été enregistré pour les finalistes malheureux de Wolfsburg (26,3%), ce qui laisse présager un avenir radieux pour le club allemand.

Figure 2: % de minutes en championnat par classe d’âge, quarts-de-finalistes de la Ligue des champions (2022/23)

3. Minutes des expatriées

Presque la moitié des minutes de jeu des huit quarts-de-finalistes ont été disputées par des joueuses expatriées, à savoir ayant grandi en dehors de l’association du club d’emploi. Des taux particulièrement élevés ont été mesurés chez les équipes anglaises : Arsenal (83,2%) et Chelsea (74,5%). À l’opposé se trouvent les deux finalistes, Wolfsburg (30,9%) et Barcelone (35,5%), ce qui montre qu’il demeure possible d’atteindre les meilleurs résultats avec une majorité de joueuses nationales.

Le pourcentage de minutes des expatriées est supérieur à 30% pour l’ensemble des clubs et des ligues d’appartenance, ce qui témoigne d’une internationalisation du marché du travail des joueuses de football bien établie. La proportion relativement faible mesurée aux Etats-Unis (20,8%) s’explique par l’ampleur du bassin de joueuses de haut niveau formées dans le pays, ainsi que par la surface économique des clubs de NWSL, qui leur permet de retenir les meilleures footballeuses.

Figure 3: % de minutes en championnat des expatriées

(a) quarts-de-finalistes de la Ligue des champions (2022/23)

(b) moyenne par ligue, saison 2022/23

Toutes origines confondues, avec 35 joueuses alignées en championnat par les quarts-de-finalistes de la Ligue des champions 2022/23 de l’UEFA, l’Allemagne est le pays le plus représenté au sein des clubs de l’élite européenne, suivie par la France et l’Espagne. Ces trois nations paraissent les mieux armées pour créer la surprise lors de la prochaine Coupe du Monde. Par rapport au passé récent, on remarque l’absence quasi-totale des joueuses des États-Unis (seulement deux), dont les meilleurs éléments évoluent chez elles en NWSL.

Figure 4: origines des joueuses utilisées en championnat, quarts-de-finalistes de la Ligue des champions (mai 2023)

4. Origines des expatriées

Bien que peu présentes dans les meilleurs clubs européens, les Etats-uniennes constituent de loin la principale main d’œuvre expatriée au sein des dix principales ligues féminines : les premières divisions d’Angleterre, Espagne, Italie, France, Allemagne, Norvège, Suède, Pays-Bas, Australie et Etats-Unis. Les 77 expatriées américaines se répartissent dans l’ensemble des championnats analysés, à l’exception de la ligue néerlandaise, avec un maximum de 20 joueuses en Australie.

Les Suédoises (48 expatriées) sont les deuxièmes les plus représentées dans les ligues étudiées. Elles sont présentes dans l’ensemble des championnats, avec un maximum de 15 ressortissantes en Serie A italienne. Les Danoises complètent le podium des joueuses les plus présentes à l’étranger (45 expatriées dans l’ensemble des ligues, avec un maximum de 11 en Angleterre), suivies par les Canadiennes (44 expatriées dans huit championnats, dont 12 aux États-Unis).

Figure 5: principales origines des expatriées, 10 principales ligues féminines (mai 2023)

5. Conclusion

Avec une nouvelle phase finale de Coupe du monde à venir, le football féminin poursuit son développement à l’échelle globale. L’internationalisation du marché du travail des footballeuses est d’ores et déjà une réalité, au point que presque la moitié des minutes au sein des quarts-de-finalistes de la dernière édition de la Ligue des champions féminine de l’UEFA ont été disputées par des joueuses importées de l’étranger. Ce taux atteint même 83,2% pour Arsenal et 74,5% pour Chelsea.

Plus généralement, le pourcentage de minutes des expatriées est supérieur à 30% dans l’ensemble des ligues d’appartenance des quarts-de-finalistes : les premières divisions d’Angleterre, d’Allemagne, de France, d’Espagne et d’Italie. Ces pays sont aussi ceux dont les représentants concentrent les succès au niveau des hommes, ce qui reflète la prise de pouvoir des clubs masculins dominants aussi dans le football féminin.

Néanmoins, les doubles tenants du titre des États-Unis demeurent les principaux favoris de la prochaine Coupe du monde. Si les meilleures joueuses américaines évoluent chez elles dans la très relevée NWSL, les États-Unis ont également de nombreuses ressortissantes dans les championnats étrangers les plus compétitifs. Avec 77 expatriées dans les dix principales ligues féminines, les Etats-Unis sont en effet le principal exportateur de joueuses, suivis par la Suède (48 expatriées) et le Danemark (45 expatriées).