1. Introduction

Ce rapport mensuel analyse dans une perspective spatiale l’origine des recettes tirées par les clubs du monde entier pour les transferts de joueurs intervenus entre 2014 et 2023 selon leur association d’appartenance. Au total, les clubs ont encaissé pas moins de €75 milliards : environ deux tiers pour des transferts internationaux et le reste pour des transferts nationaux. Toutes les sommes présentées comprennent les éventuels bonus indépendamment de leur payement effectif.

La répartition entre revenus nationaux et internationaux varie fortement en fonction des associations. Parmi les vingt pays dont les clubs ont encaissé le plus d’indemnités lors de la dernière décennie, la part des recettes générées par des transferts à l’étranger s’étend d’un minimum de 37% pour l’Angleterre à un maximum de 97% pour l’Autriche. Les équipes de trois seuls autres pays que l’Angleterre ont reçu moins d’argent de la part de clubs étrangers que nationaux: la Chine (22%), le Mexique (44%) et l’Italie (48%).

Figure 1: associations ayant encaissé le plus d'indemnités de transfert et origine des revenus

€ millions, années 2014-2023

2. Analyse par association

Angleterre

L’Angleterre est de loin le pays dont les clubs ont reçu le plus d’indemnités de transfert lors de la dernière décennie. Ce résultat est surtout lié aux transferts nationaux, ces derniers représentant 63% des encaissements. Les exemples récents de mutations très onéreuses entre clubs anglais (Declan Rice, Moisés Caicedo, Kai Havertz, Mason Mount, etc.) témoignent d’un marché intérieur très dynamique. L’Espagne est le deuxième plus grand pourvoyeur de fonds pour les clubs anglais, devant les autres pays qui accueillent les ligues du big-5.

Figure 2: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs anglais

Années 2014-2023

Figure 2: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs anglais

Italie

Comme en Angleterre, le marché intérieur est une source de revenus très importante aussi en Italie. Les transferts nationaux représentent en effet 52% des recettes réalisées lors de la dernière décennie. Pour ce qui est du marché international, l’Angleterre sort nettement du lot avec en moyenne presque €200 millions versés chaque année aux équipes italiennes (20% du total), trois fois plus que pour le deuxième principal pourvoyeur de fonds étranger: la France (surtout Paris St-Germain).

Figure 3: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs italiens

Années 2014-2023

Figure 3: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs italiens

France

La France est le troisième pays dont les clubs ont encaissé le plus d’indemnités de transferts entre 2014 et 2023. Contrairement aux équipes anglaises et italiennes, les clubs français ont généré une majorité de leurs recettes par des transferts internationaux (73%). Avec une moyenne d’environ €250 millions par an, l’Angleterre est de loin le principal acheteur étranger pour les équipes françaises (32% de tout l’argent récolté), suivi par l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie.

Figure 4: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs français

Années 2014-2023

Figure 4: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs français

Espagne

Lorsqu’il s’agit de transférer des joueurs contre de l’argent, les deux principales options des clubs espagnols sont le marché national et les clubs anglais. Les recettes générées par les transferts nationaux (€2,34 milliards) ou vers l’Angleterre (€2,34 milliards aussi) représentent en effet 60% des sommes encaissées lors de la dernière décennie. L’Italie est le deuxième pourvoyeur de fonds international (€912 millions), suivi par la France (€665 millions, dont un tiers par Paris St-Germain à Barcelone pour Neymar).

Figure 5: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs espagnoles

Années 2014-2023

Figure 5: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs espagnoles

Allemagne

Comme pour les clubs espagnols, la majorité des recettes de transfert réalisées par les clubs allemands entre 2014 à 2023 l’ont été nationalement (€2,24 milliards, 35% du total) ou en Angleterre (€2,16 milliards, 31%). À l’image de toutes les associations qui accueillent les championnats du big-5, en Allemagne aussi, ces pays sont aux cinq premiers rangs des principaux pourvoyeurs de fonds, ce qui reflète l’existence d’un marché extrêmement dynamique à l’intérieur de cette zone.

Figure 6: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs allemands

Années 2014-2023

Figure 2: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs allemands

Portugal

L’Angleterre est de loin le principal marché pour les clubs portugais lorsqu’il s’agit de transférer des joueurs contre de l’argent. Ces derniers y ont en effet généré presque €1,2 milliards lors des dix dernières années, ce qui correspond à 30% des encaissements. À titre de comparaison, les recettes réalisées nationalement n’ont été que de €342 millions (9% du total), bien en dessous aussi de celles encaissées par le transfert de joueurs en Espagne (€752 millions) et en France (€508 millions).

Figure 7: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs portugais

Années 2014-2023

Figure 7: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs portugais

Brésil

Contrairement aux autres pays analysés jusqu’ici, le Brésil n’a pas l’Angleterre comme principal pourvoyeur de fonds sur le marché international. Lors de la dernière décennie, c’est plutôt en Espagne que les clubs brésiliens ont généré le plus de recettes de transfert (€440 millions). L’Angleterre est à la troisième place (€355 millions), derrière aussi le marché national (€417 millions). Ce dernier ne représente cependant que 14 % du total, les équipes brésiliennes encaissant en effet des indemnités de la part de clubs situés dans de nombreux pays.

Figure 8: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs brésiliens

Années 2014-2023

Figure 8: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs brésiliens

Pays-Bas

Encore plus que pour les clubs portugais, l’Angleterre constitue le principal débouché pour les équipes néerlandaises. Lors de la dernière décennie, 38% des revenus de transfert générés par les clubs bataves l’ont été en Angleterre (1,04 milliards), presque trois fois plus que dans le deuxième plus important marché, l’Italie (€377 millions). Les sommes de transfert réalisées nationalement (€278 millions) ne représentent que 10% du total.

Figure 9: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs néerlandais

Années 2014-2023

Figure 8: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs néerlandais

Belgique

Avec €528 millions investis en Belgique lors des dix dernières années, les clubs anglais sont les principaux pourvoyeurs de fonds aussi pour les équipes belges (25% du total), suivis par les équipes françaises (€353 millions, 17%) et le marché national (€277 millions, 13%). Avec plus de €200 millions, l’Italie et l’Allemagne constituent également des débouchés importants pour les joueurs des clubs belges. Les sommes générées aux Pays-Bas sont plus faibles (€80 millions), mais quand même plus élevées que celles réalisées en Espagne (€57 millions).

Figure 10: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs belges

Années 2014-2023

Figure 10: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs belges

Argentine

Si le marché national ne représente que 17% des encaissements des clubs argentins entre 2014 et 2023, aucun pays étranger pris individuellement n’a contribué de manière plus importante aux recettes générées par le transfert de joueurs. À l’image du Brésil, ce résultat reflète la forte diversification des exportations depuis l’Argentine, où les équipes de six pays ont investi plus de €100 millions lors de la dernière décennie: l’Italie (€215 millions), les États-Unis (€211 millions), l’Angleterre (€187 millions), le Mexique (€152 millions), l’Espagne (€139 millions) et le Brésil (€107 millions).

Figure 11: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs argentins

Années 2014-2023

Figure 11: origine des indemnités reçues pour le transfert de joueurs, clubs argentins

3. Conclusion

La cartographie des recettes de transfert se décline très différemment selon les pays d’appartenance des clubs. Globalement, lors des dix dernières années, les clubs ont généré environ deux tiers de leurs recettes par des transferts internationaux. Cette proportion varie cependant fortement selon les pays, avec un minimum de 37% pour les clubs anglais et un maximum de 73% pour les équipes françaises parmi les associations du big-5, jusqu’à 91% au niveau du Portugal.

Pour bien des pays, l’Angleterre constitue le principal débouché international pour le transfert payant de joueurs. Parmi les associations dont les clubs ont encaissé le plus d’indemnités entre 2014 et 2023, ceci est notamment le cas pour les Pays Bas (38% du total, recettes nationales comprises), la France (32%), l’Allemagne (31%), l’Espagne (30%), le Portugal (30%), la Belgique (25%) et l’Italie (14%). Le Brésil (Espagne) et l’Argentine (Italie) constituent les seules exceptions.

L’analyse montre également que toutes les associations accueillant les championnats du big-5 ont ces mêmes pays en tant que principales sources de revenus en matière de transferts. Ce résultat reflète l’existence d’un marché extrêmement dynamique à l’intérieur de ces pays, où, sauf rares exceptions, tous les transferts les plus importants ont lieu. Dans cette configuration, les clubs d’autres associations constituent une plateforme d’accès à ce marché primaire, au sein duquel l’Angleterre assume le rôle moteur.