1. Introduction

Le football féminin poursuit sa croissance et le processus de professionnalisation suit son cours. Bien que toujours comparativement moins disponibles que chez les hommes, des données sur le profil démographique des joueuses sont désormais plus accessibles pour les femmes. Ce rapport analyse la composition des effectifs de 223 équipes dans 19 ligues à travers le monde: 14 européennes et 5 non-européennes.

Arrêtées à fin mai 2024, les données présentées font référence aux saisons 2023/24 ou 2024 selon le calendrier des compétitions. L’échantillon inclut toutes les joueuses faisant partie de l’effectif de la première équipe des clubs des ligues investiguées, indépendamment de leur temps de jeu. L’analyse porte sur les thématiques de l’âge et de la présence de joueuses expatriées, à savoir évoluant en dehors de l’association où elles ont grandi, qu’elles ont quitté pour des raisons footballistiques.

Figure 1: échantillon de l’étude (mai 2024)

Analyse des âges

L’analyse de l’âge prend en compte les données relativisées selon le temps de jeu de chaque joueuse. Les données exposées représentent ainsi des valeurs mesurées « sur le terrain ». À l’échelle des 19 ligues analysées, les équipes ont en moyenne évolué avec des joueuses âgées de 25,2 ans. Les clubs d’Europe du Nord sont les plus axés sur l’utilisation de jeunes footballeuses, alors que deux championnats non-européens sont les plus âgés: le Brasileiro Feminino et la NWLS des États-Unis.

Figure 2: âge moyen sur le terrain, par ligue

La Kansallinen Liiga finlandaise est la seule ligue couverte où la classe d’âge des joueuses entre 22 et 25 ans n’est pas celle la plus représentée sur le terrain. Au total, les footballeuses de cette tranche d’âge ont disputé 41% des minutes, contre 25% pour les joueuses entre 26 et 29 ans. Les jeunes footballeuses (21 ans ou moins) sont globalement aussi plus utilisées que les joueuses expérimentées (30 ans ou plus), avec néanmoins d’importantes différences entre ligues.

Figure 3: % de minutes par catégorie d'âge

Par club, l’âge moyen sur le terrain varie entre 29,7 ans pour les Russes de Zvezda Perm et 20,0 ans pour les Néerlandaises de PEC Zwolle. Trois clubs brésiliens figurent parmi les cinq les plus âgés (Santos, Real Brasília et Flamengo), ce qui reflète la réticence des équipes de ce pays à donner une chance à des jeunes joueuses. À l’opposé, quatre clubs finlandais font partie des dix équipes les plus jeunes, ce qui traduit une forte volonté à promouvoir des talents en devenir.

Figure 4: âge moyen sur le terrain, par club

Analyse des expatriées

Comme chez les hommes, le nombre de joueuses évoluant en dehors de l’association où elles ont grandi ne cesse d’augmenter chez les femmes aussi. Au total, pas moins de 1'320 footballeuses expatriées étaient présentes en mai 2024 au sein des 19 ligues analysées, ce qui représente 23,2% des effectifs. Les 12 clubs de la Women’s Super League anglaise avaient dans leurs rangs pas moins de 181 joueuses ayant grandi dans une association étrangère (15,1 par club).

Figure 5: nombre d'expatriées, par ligue

Les expatriées ont globalement disputé 28,4% des minutes, avec des écarts marqués entre compétitions. Les footballeuses importées de l’étranger ont joué une majorité des minutes en Women’s Super League anglaise (61,3%) et en Serie A italienne (50,7%). Le pourcentage mesuré en Women’s Premier League saoudienne est aussi remarquable (37,8%). À l’opposé, les expatriées sont très peu présentes au Japon, en Finlande, aux Pays-Bas ou encore au Brésil.

Figure 6: % de minutes des expatriées, par ligue

Les expatriées ont disputé une majorité des minutes de championnat dans 32 des 223 clubs étudiés. Les valeurs maximales ont été enregistrées pour deux équipes anglaises (Everton et West Ham United), suivies par deux clubs suisses (Bâle et Servette Chênois). Dix ligues différentes sont représentées parmi les équipes au sein desquelles les joueuses importées de l’étranger ont disputé plus de 50% du total des minutes.

Figure 7: % de minutes des expatriées, par club

Les joueuses des États-Unis sont de loin les plus présentes à l’étranger (159 dans 17 des 19 ligues couvertes), suivies par les Canadiennes et les Suédoises (60 dans les deux cas, dans 13 championnats différents pour les premières et au sein de 11 pour les deuxièmes). Au total, pas moins de 97 associations nationales sont représentées parmi les expatriées, ce qui témoigne d’un processus de mondialisation bien entamé.

Figure 8: principales origines des expatriées, 19 ligues

Conclusion

Le développement mondial du football féminin continue son bonhomme de chemin, comme le témoigne notamment l’augmentation des flux internationaux de joueuses. D’importantes différences persistent néanmoins entre ligues. Les clubs des championnats financièrement les mieux dotés tendent à s’appuyer sur des joueuses plus expérimentées, ainsi que sur plus de footballeuses importées de l’étranger.

Ceci est notamment le cas de la Women’s Super League anglaise, dont les équipes ont en moyenne évolué avec des joueuses de 28,8 ans (troisième valeur la plus élevée parmi les 19 ligues couvertes), et où les expatriées ont disputé 61,3% du total des minutes (valeur la plus élevée). La Serie A italienne suit un modèle similaire, tout comme la NWSL des États-Unis en ce qui concerne l’âge (26,9 ans), avec par contre des valeurs bien plus faibles concernant les expatriées (26,8% des minutes).

Au niveau des principales origines des expatriées, avec 159 footballeuses évoluant à l’étranger dans les championnats étudiés, les Etats-Unis confirment leur leadership dans ce domaine. Les Canadiennes et les Suédoises s’exportent aussi en nombre (60 expatriées dans les deux cas). La grande diversité des origines impliquées (97 nationalités) témoigne quant à elle de l’expansion géographique de la pratique du football féminin.